Carte d’invalidité et inclusion socio-professionnelle : La CNDH mène la réflexion avec les acteurs pour une effectivité des droits des personnes handicapées
Au cours d’un atelier tenu le 27 décembre 2023, à Ouagadougou, la Commission nationale des droits humains a réuni des associations de promotion des droits des personnes handicapées et des représentants de ministères pour discuter de la mise en œuvre de la carte d’invalidité des personnes handicapées et leur inclusion socio-professionnelle. A terme, les acteurs ont dit être satisfaits des travaux de l’atelier et ont formulé des recommandations pour l’amélioration de leurs conditions de vie.
On n’entend par personnes handicapées, des personnes qui présentent des incapacités physiques, mentales, intellectuelles ou sensorielles durables dont l’interaction avec diverses barrières peut faire obstacle à leur pleine et effective participation à la société sur la base de l’égalité avec les autres.
En vue de garantir l’effectivité des droits de ces personnes, le Burkina Faso a ratifié la Convention relative aux droits des personnes handicapées (CDPH). Le cadre juridique national de protection des droits des personnes handicapées au Burkina Faso a fait l’objet de la 1re communication de cet atelier. M. Karim OUEDRAOGO, Chef de département de la formation, du plaidoyer et de la communication au Secrétariat permanent du COMUD/Handicap a indiqué que le cadre juridique national de protection des droits des personnes handicapées est organisé par la loi n0 012-2010/AN du 1er avril 2010 portant protection et promotion des droits des personnes handicapées qui prévoit l’institution de la carte d’invalidité des personnes handicapées et par plusieurs décrets.
La carte d’invalidité est délivrée par le ministère en charge de la solidarité nationale avec une validité de 5 ans. Elle donne droit à des faveurs sociales, en matière de formation professionnelle, d’éducation, de santé, de transport et d’emploi.
Malgré un cadre juridique et institutionnel étoffé, les conditions de vie des personnes handicapées au Burkina Faso demeurent préoccupantes. Elles sont marquées par la persistance des pesanteurs socioculturelles négatives sur le handicap, les difficultés d’accès aux services sociaux de base, l’injustice sociale, l’insuffisance des ressources allouées dans le domaine du handicap et l’insuffisance de l’organisation du domaine du handicap et des personnes handicapées entre autres. À cela s’ajoute les difficultés sociales et financières rencontrées dans la mise en place et le suivi de ce dispositif.
L’état des lieux de l’inclusion des personnes handicapées au Burkina Faso a fait l’objet de la 2ème communication animée par Yacouba SAVADOGO, Chargé des affaires juridiques à la fédération burkinabè des associations pour la promotion des personnes handicapées.
Il a d’abord donné un aperçu des personnes handicapées dans le monde et au Burkina Faso. Ainsi, l’OMS et la banque mondiales estiment le nombre des personnes handicapées à environ 15% de la population mondiale. Et que 20% des personnes les plus pauvres sont des personnes handicapées. Seulement 4, 91 % des personnes possèdent la carte selon les chiffres de 2018. La carte d’invalidité est un outil qui garantit la jouissance des droits concédés par la loi.
Cependant révèle -t-il, « Une chose est d’avoir la carte d’invalidité et une autre est de bénéficier réellement des droits qu’elle concède ». Il fait ressortir alors les défis liés à l’obtention de la carte, mais aussi ceux relatifs à la vulgarisation des textes de loi et décret d’application.
Sa présentation a donc permis d’identifier les difficultés pour essayer d’adresser des actions de plaidoyer à l’endroit des autorités publiques et de tout autre acteur concerné. En termes de recommandations, il faut noter la nécessité de vulgariser les droits des personnes handicapées dans les administrations publiques et privées, d’intégrer la planification sensible au genre et au handicap dans les actions entreprises au sein des ministères afin que leurs plans d’action puisse être inclusifs des personnes handicapées et que les outils de collecte et de capitalisation des différentes structures intègrent des variables permettant de saisir et de capter les données en lien avec le handicap dans leurs actions.
Harouna YIGO, est le représentant de l’Union nationale des associations burkinabè pour la promotion des aveugles et malvoyants – UN/ABPAM. Il dit être satisfait de la tenue de cet atelier dont le thème est si pertinent. Selon M.YIGO, les participants ont appris beaucoup de choses lors des communications. Toute chose qui leur permettra de comprendre davantage la nécessité d’avoir la carte d’invalidité de discuter des voies et moyens de mise en œuvre des avantages qu’elle procure aux personnes handicapées.
Pour la représentante du ministère des sports, de la jeunesse et de l’emploi, Mme Awa
OUEDRAOGO, les communicateurs du jour ont vraiment détaillé les acquis, les insuffisances, les difficultés et les perspectives. Elle a rappelé les efforts qui sont faits par son ministère de tutelle pour la promotion des droits sociaux et financiers des personnes handicapées et déplore par contre leur méconnaissance par la majorité des bénéficiaires à savoir les personnes handicapées. Il s’agit par exemple de l’octroi des prêts à des taux préférentiels par le PAPE et le FAIJ, la formation à l’endroit des personnes handicapées dans les métiers de leur choix prévue courant 2024. C’est pourquoi elle recommande que des actions de sensibilisation sur les actions initiées par le ministère à l’endroit des personnes handicapées.
Selon le Secrétaire général de la CNDH, les résultats de l’atelier sont à la hauteur des attentes de la Commission. « À travers les communications et les échanges, on a pu détecter où il y a des difficultés, sur quel levier actionner pour que plus de personnes puissent avoir cette carte d’invalidité pour pouvoir jouir des avantages conformément à la loi sur les personnes handicapées. Donc nous sommes satisfaits du fait que les participants soient satisfaits déjà. Sur la base des recommandations nous allons faire des plaidoyers auprès de l’État et des partenaires techniques et financiers », rassure Paul KABRE.