Protection et Défense des Droits Humains en Période de Crise : 60 OSC Formées en Techniques d’Investigation
Du 6 au 8 août 2024, la Commission Nationale des Droits Humains (CNDH) a organisé une session de formation à Bobo-Dioulasso, portant sur les techniques d’investigation en matière de droits humains. Cet atelier, conçu pour trente (30) organisations de la société civile (OSC) issues des quatre régions couvertes par l’Antenne régionale des Hauts-Bassins, s’inscrit dans un contexte de crise sécuritaire et humanitaire sans précédent au Burkina Faso.
Contexte et Objectifs
Le Burkina Faso fait face depuis 2015 à une violence terroriste persistante qui a plongé le pays dans une situation sécuritaire et humanitaire critique. Cette situation a entraîné de graves atteintes aux droits humains, mettant à l’épreuve la capacité des institutions et des OSC à répondre efficacement à ces violations. La formation organisée par la CNDH vise à combler cette lacune en renforçant les compétences des OSC dans l’analyse, la documentation et le rapport des allégations de violations des droits humains.
Le Rôle des OSC
Les OSC jouent un rôle essentiel dans la défense des droits humains, en particulier dans un contexte de crise où les violations sont fréquentes et souvent massives. Cependant, ces organisations sont confrontées à des défis considérables qui limitent leur efficacité. L’instabilité sécuritaire, la complexité des situations de terrain et les risques associés aux enquêtes en zones de conflit rendent leur travail particulièrement difficile. La formation dispensée par la CNDH, avec le soutien technique et financier du Haut-Commissariat des Nations Unies aux Droits de l’Homme (HCDH), vise à outiller ces OSC pour qu’elles puissent mener à bien leurs missions avec professionnalisme et rigueur.
Madame Hamza Zeinab DIABY, Représentante résidente du HCDH, a souligné l’importance de cet accompagnement dans le cadre des efforts continus de son organisation pour renforcer les capacités des OSC au Burkina Faso. « La protection des droits humains est une responsabilité collective. Nous devons tous être mieux outillés pour faire face aux défis actuels », a-t-elle déclaré.
Hamza Zeinab DIABY/ Représentante résidente du Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’Homme (HCDH)Une Formation Approfondie
La formation de 72 heures a permis aux participants d’approfondir leurs connaissances sur divers aspects des droits humains, y compris les différentes catégories de droits, les obligations de l’État dans leur mise en œuvre, ainsi que les principes et techniques de monitoring des violences sexuelles et des violences basées sur le genre (VBG). Les participants ont également été formés à la rédaction de rapports en matière de droits humains, un aspect crucial pour documenter et plaider efficacement pour la justice et la réparation des victimes.
Treize (13) modules ont été développés et dispensés par des experts en droits humains de la CNDH et du HCDH. Parmi ces modules, un accent particulier a été mis sur les principes fondamentaux des droits humains et les mécanismes de protection des droits de l’enfant en période de conflit armé. Olivier KABRE, Délégué régional des Hauts-Bassins de la CNDH, a rappelé les six (06) violations graves des droits de l’enfant en temps de conflit armé, telles que définies par le Conseil de Sécurité de l’ONU, insistant sur la nécessité d’une vigilance accrue des OSC dans leur mission de monitoring.
Les Défis et les Perspectives
Madame Gonta Alida Henriette DA, Présidente de la CNDH, a présidé la cérémonie d’ouverture en présence du Gouverneur de la région des Hauts-Bassins, Madame Mariama KONATE/GNANOU. Dans son discours, Madame DA a souligné l’importance de la collaboration entre la CNDH et les OSC : « Face aux méthodes perfides des terroristes, il est crucial d’être bien formé pour analyser et documenter de manière objective et transparente les allégations de violations des droits humains, afin d’éviter toute attribution erronée de ces actes cruels à un acteur particulier. »
Gonta Alida Henriette DA / Présidente de la CNDH
Les défis auxquels les OSC sont confrontées ne se limitent pas à la formation. Dans un contexte de crise, elles doivent également naviguer dans des environnements complexes où la sécurité des enquêteurs et la protection des sources d’information sont primordiales. Germaine OUEDRAOGO/ KIEMA, Chef du service Plaintes de la CNDH, a mis l’accent sur les principes qui doivent régir la protection des données et des sources d’information, soulignant que toute négligence dans ce domaine pourrait compromettre non seulement la sécurité des personnes impliquées, mais aussi l’intégrité des enquêtes.
Germaine OUEDRAOGO/ KIEMA / Chef du service Plaintes de la CNDHU
Un Engagement Renouvelé
Les participants ont exprimé leur satisfaction quant à la qualité des formations reçues et ont pris l’engagement de partager les compétences acquises avec d’autres structures non présentes à la session. Ousmane LENGANE, délégué des participants à la session de Ouagadougou, a affirmé : « Nous nous engageons à dupliquer ce que nous avons appris auprès des structures qui n’ont pas pu être là, en raison de l’importance des modules enseignés. »
Sandrine DABIRE, porte-parole des participants à la session de Bobo-Dioulasso, a également exprimé sa gratitude pour les enseignements reçus, soulignant l’importance des travaux de groupe qui ont permis aux participants de se préparer de manière pratique à leurs missions futures. « Nous sommes convaincus qu’à notre retour dans nos localités respectives, les OSC habilitées pourront mener des investigations, et celles qui n’en ont pas le mandat pourront accompagner les structures partenaires dans ce cadre-là », a-t-elle déclaré.
Sandrine DABIRE / porte-parole des participants à la session de Bobo-Dioulasso
En réponse à cet engagement, Madame Gonta Alida Henriette DA a réitéré l’importance de la synergie d’action entre la CNDH et les OSC pour faire avancer la cause des droits humains au Burkina Faso. « Une CNDH forte repose sur une société civile forte. Ensemble, nous pouvons surmonter les défis actuels et promouvoir les droits humains dans tout le pays. »
Vers l’Avenir
L’atelier de Bobo-Dioulasso est la deuxième d’une série de formations sur l’investigation en matière de droits humains, initiées par la CNDH en collaboration avec le HCDH. La première session s’est tenue du 30 juillet au 1er août 2024 à Ouagadougou, au profit de trente (30) OSC des huit (08) autres régions du Burkina Faso.
Ces formations s’inscrivent dans le cadre de l’Axe 2 du Plan stratégique 2023-2027 de la CNDH, dédié à la promotion, la protection et la défense des droits humains. Ce plan vise à renforcer les capacités des acteurs locaux pour qu’ils puissent répondre efficacement aux défis posés par la crise sécuritaire et humanitaire, tout en assurant une documentation rigoureuse des violations des droits humains.
En conclusion, la CNDH, en partenariat avec le HCDH, réaffirme son engagement à soutenir les OSC dans leur mission essentielle de protection des droits humains. Grâce à ces formations, les OSC burkinabè seront mieux outillées pour faire face aux défis actuels, tout en jouant un rôle clé dans la promotion d’une culture de respect des droits humains dans tout le pays.
Service Communication-CNDH