Recap des journées d’actions pour la prévention des conflits au Nord
Le groupe de travail « Prévention des conflits, abus et atrocités » de la Commission Nationale des Droits Humains (CNDH), poursuit ses journées d’actions dans les régions. Troisième du genre, la ville de Ouahigouya dans le Nord a abrité les activités de communication et plaidoyer, ainsi que celles de sensibilisation, du 3 au 5 août 2022.
Le groupe de travail « Prévention des conflits, abus et atrocités » est l’un des groupes de travail mis en place par la Commission Nationale des droits humains dans le cadre du programme « Droits humains et accès à la justice », financé par l’USAID et mis en œuvre par ABA-ROLI.
Comment sont nées ces journées d’actions des groupes de travail ? Alida Gonta Dah, Présidente du groupe de travail « Prévention des conflits, atrocités et abus » et Vice-présidente de la CNDH explique : « Ce sont des activités qui ont été arrêtées après des échanges, des discussions sur la situation de l’extrémisme violent, les conflits que connait le Burkina. Suite à un diagnostic fait sur les causes des conflits, il a été jugé nécessaire d’aller vers les populations cibles », d’où les thématiques adressées aux journalistes, aux autorités religieuses et coutumières et aux Personnes Déplacées Internes (PDI) dans les régions concernées par le programme, notamment le Nord, le Centre-Nord, l’Est et le Sahel.
Les 72 heures d’actions de ce groupe de travail ont consisté essentiellement en des communications, à des plaidoyers et à la sensibilisation pour prévenir les conflits, les abus, atrocités, et donc des violations et atteintes aux droits humains.
La première rencontre, tenue le 3 août 2022, a réuni une trentaine de journalistes de la région sur la thématique du droit à l’information du public et le traitement de l’information en temps de crise, car juge la Présidente du groupe « Le traitement des informations peut être une source de problèmes, de conflits ».
A l’issue du diagnostic fait par les membres de ce groupe de travail, il a été jugé nécessaire qu’une communication soit faite sur le traitement de l’information en temps de crise aux hommes de médias. Au terme de la communication, des journalistes participant apprécient l’initiative.
Ouédraogo Sidi Mohamed, correspond de Savane Média : « C’est une initiative salutaire. Il y a des difficultés que nous rencontrons dans notre travail, notamment concernant la crédibilité de nos sources. Nous avons vu comment éviter ces difficultés. Nous, en tant que journalistes professionnels, nous devons tenir compte des bases fondamentales du journalisme pour mieux faire notre travail ».
Karim Bikienga, journaliste à la RTB2 et communicateur sur la thématique, a fait remarquer à ses confrères que « malgré la crise que nous vivons, nous ne devrons pas réinventer le journalisme ». Néanmoins, il a conseillé d’apporter l’information juste. « Quand l’information est juste et équilibrée, elle permet de prévenir les conflits. Souvent, la mauvaise façon de donner l’information peut contribuer à exacerber les conflits et a souvent créé des situations conflictuelles ».
Le groupe de travail a aussi animé une émission en mooré, la langue la plus parlée dans la région, qui a traité des enjeux et les défis d’une cohabitation pacifique entre Personnes Déplacées Internes (PDI) et populations hôtes. Cette émission a été animée par des membres du groupe travail et des journalistes de la région.
Cependant, avant le début des activités prévues, une équipe du groupe de travail a commencé par rencontrer les autorités pour se présenter, annoncer les activités et inviter les différentes autorités rencontrées à participer aux échanges.
C’est chose faite. Le deuxième panel, tenu le 4 août, a connu une forte mobilisation des autorités administratives, religieuses et coutumières. Le représentant de chaque composante a donné une communication sur le rôle et la place du leader communautaire dans la prévention des conflits, le vivre ensemble et le respect des droits humains.
Aïssata Bissiri Ouédraogo, Présidente de l’Association Féminine pour le Développement du Burkina (AFEDEB) apprécie : « le panel a été riche. On a eu beaucoup d’exemples de cohésion sociale et une bonne collaboration entre les populations. Je pense que si on prend ces exemples nous arriverons à un vivre ensemble. Cependant je pense que nous leaders devrons faire passer ces informations dans nos différentes bases ».
Aïssata Bissiri Ouédraogo, Présidente de l’Association Féminine pour le Développement du Burkina (AFEDEB) a apprécié la rencontre en ces termes : « Le panel a été riche. On a eu beaucoup d’exemples de cohésion sociale et une bonne collaboration entre les populations. Je pense que si nous prenons en compte ces exemples, nous arriverons à un vivre ensemble. Cependant je pense que nos leaders devront faire passer ces informations dans nos différentes bases ».
Selon Ouédraogo Boureima, l’un des Secrétaires généraux du bureau FAIB du Nord, l’un des communicateurs, un leader communautaire « doit être un exemple dans sa pratique quotidienne, et pour cela il doit chercher à se cultiver et à comprendre sa religion, il doit enseigner ses fidèles à la tolérance des autres, éviter les discours de haine ».
A noter qu’à l’issue des communications, des recommandations ont été faites à l’endroit de la CNDH. Les coutumiers et religieux ont eux aussi souhaité que de telles activités soient multipliées, car ce sont des cadres qui réunissent toutes les confessions et qui leur permettent de se découvrir, d’échanger ouvertement. Aussi, ils ont souhaité que ces débats soient enregistrés entièrement et diffusées sur les radios et télévisions de la région pour toucher encore plus de populations.
Le fonds d’assistance humanitaire octroyé aux Personnes Déplacées Internes (PDI) par l’État et les partenaires crée souvent des violences au sein des couples sur les sites d’accueil. Des hommes utilisent toutes les subterfuges pour l’arracher des mains des femmes. Le site des Personnes Déplacées Internes de Youba 2, le plus grand site d’accueil des PDI dans la région, a par conséquent accueilli une pièce théâtrale de l’Atelier théâtre du Lorum sur les Violences Basées sur le Genre (VBG) ainsi que la gestion des aides financières octroyées aux hommes et femmes. Cette pièce a été jouée par des déplacés internes reconvertis en comédiens qui ont intégré la troupe.
A travers ce théâtre forum, le groupe de travail de la CNDH a voulu susciter la participation des PDI à la lutte contre les VBG et les encourager à dénoncer ces pratiques faites aux femmes sur leur site.