Protection des DDH : Le manuel vulgarisé aux DDH de trois autres régions
Au regard des risques auxquels sont confrontés sur le terrain les défenseurs des droits humains, il est vital pour eux de maitriser le mécanisme d’alerte précoce et de réponse rapide mise en œuvre par la Commission nationale des droits humains (CNDH) pour leur protection. D’où l’intérêt de cette série de formation tenue par la CNDH en collaboration avec le Programme des nations unies pour le développement (PNUD). Elle a réuni pour la deuxième fois, à Tenkodogo dans la région du Centre-Est, du 20 au 22 juin 2023, les représentants des OSCs de défense des droits humains des régions du Plateau-Central, du Centre-Sud, de l’Est et le Centre-Est.
Cinquante membres d’OSCs ont vu leurs capacités renforcées à travers huit (08) modules, en matière de promotion et de protection des droits humains, en techniques de collecte et d’analyse des données, en stratégie d’élaboration et de mise en œuvre d’un plaidoyer en matière de protection des droits humains, entre autres.
Ils se sont particulièrement familiarisés à l’utilisation du manuel d’alerte précoce et de réponse rapide contre les violations et atteintes aux droits humains des DDH. Les communications ont traité du mode d’organisation et de fonctionnement du système d’alerte précoce, le principal outil de protection des défenseurs des droits humains ainsi que des acteurs de la réponse.
Les DDH ont par ailleurs appris à analyser l’environnement des risques de leurs activités. « Cette analyse doit particulièrement tenir compte de la condition des femmes DDH, plus exposées aux risques de violations ou d’atteintes », a expliqué Kouzodon DAH, Conseiller en droits humains à la CNDH, Rapporteur général du Mécanisme.
Les échanges en plénière, les travaux de groupes et l’administration d’un pré test et d’un post test ont permis aux formateurs d’évaluer l’évolution du niveau des connaissances des participants avant et après la session.
À l’issue des travaux, les parties prenantes ont exprimés leur satisfaction :
Kouzodon DAH, Rapporteur général du MNPDDH : « Il y a véritablement un motif de satisfaction dans la mesure où l’ensemble des participants savent désormais qu’il y a une structure spécialement dédiée à la protection de leurs droits. Toute chose qui va les pousser à mener sereinement leurs activités de promotion et de protection des droits humains sur le terrain. Dans le cadre du dispositif d’alerte précoce, les DDH, en tant qu’unités d’observation et de rapportage sont chargés de collecter les informations sur le terrain et de les relayer au niveau du Centre d’analyse et de décision de la CNDH qui avisera de la mise en branle du mécanisme. Et pour ce faire, ils disposent de nombreux canaux de communication. C’est notamment le Numéro Vert, le Site Web, ou le déplacement au siège de la CNDH ».
Monique DAH, formatrice, Chargée de programmes au Centre d’information et formation en matière de droits humains en Afrique (CIFDHA) : « Le manuel d’alerte précoce contient les éléments nécessaires dont le DDH a besoin pour non seulement bien faire son travail mais aussi pour mieux se protéger dans le cadre de ses activités. Nous avons insisté sur le fait qu’il est important pour eux de connaitre leurs droits et devoirs afin de mener leurs activités dans la légalité. (…). Pour avoir une meilleure protection, les DDH doivent pouvoir travailler en synergie. C’est dans ce sens que nous leur avons aussi présenté les techniques de plaidoyer matière de droits humains ».
Ousmane LENGANE, Président du Conseil régional des OSC Plateau-Central : « Cette formation est vraiment
la bienvenue en ce sens qu’elle va nous permettre de mieux nous organiser sur le terrain pour pouvoir défendre les droits humains dans notre zone. Nous retenons l’opérationnalisation du MNPDDH avec ces différents niveaux d’intervention notamment l’unité d’observation, le centre d’analyse et le conseil d’orientation. Cela nous permet d’être plus rassurés sur le terrain de la défense des droits humains. On a également pu s’approprier de façon claire et distincte les différentes notions liées aux violations et atteintes de droits humains. Nous avons appris ce que c’est que le plaidoyer, en tant que défenseurs des droits humains et comment s’y prendre pour faire un plaidoyer. Et par rapport au contexte sensible, nous avons appris comment communiquer en tant que DDH. Nous retenons qu’il faut toujours prendre le temps de s’assurer que nous avons tous les éléments, toutes les preuves qui nous permettent de consolider notre argumentaire et de nous rendre crédibles sur le terrain. Je pense que nous sommes plus aguerris que jamais pour véritablement mener à bien nos missions ».
Inoussa YAMYAOGO, représentant du Conseil régional des OSCs du Centre-Est : « De ces huit modules, il y a d’abord la connaissance même de l’outil du mécanisme que j’ignorais et il y a la procédure même qui permet de défendre nos droits en tant que DDH. Donc très content de cette formation parce que j’ai acquis un bagage qui était vraiment nécessaire et qui va faciliter en tout cas mon action dans la défense des droits humains. Nous sommes conscients que sans nous OSCs , il n’y a pas de mécanisme. Et comme le dispositif le suggère, nous sommes chargés de lever le lièvre pour que la CNDH poursuive, donc il faut qu’on lève le bon lièvre, c’est pourquoi nous sommes chargés de nous rassurer des cas de violations ou d’atteintes aux droits humains avant de lancer l’alerte. Je n’y manquerai pas et j’appelle tous les autres collègues à se mettre à la tâche pour que dès maintenant, nous puissions cibler tous les cas de violations ou d’atteintes de droits humains et d’en informer la CNDH, car c’est notre travail dans le cadre du mécanisme. Merci vraiment à la CNDH d’avoir pensé à un tel dispositif ».
Ramatou NASSOURI, Présidente du Réseau des femmes leaders pour la paix et le développement du Gulmu : « La session nous a permis de renforcer nos capacités en matière de défense et de protection de droits humains de façon général et sur le mécanisme de protection des défenseurs des droits humains de façon spécifique. Personnellement, c’est à cette session que j’ai découvert le mécanisme. À l’issue de chaque journée, il y a eu des travaux de groupes. Pour la journée d’aujourd’hui particulièrement, chacun a fait dans un premier temps la situation des droits humains dans sa localité et formulé par la suite des recommandations. Particulièrement pour la région de l’Est, nous notons la récurrence des enlèvements, les séquestrations et arrestations arbitraires parfois, les viols, les harcèlements sexuels, sont des cas de violations de droits humains que nous vivons dans la région de l’Est. C’est ce qui nous a conduit à formuler certaines recommandations visant à intensifier la sensibilisation, et pourquoi pas créer un cadre de concertation dans chaque localité et doter les DDH de lettres de recommandation pour faciliter leur accès à certains milieux et à certaines informations ».
Service communication – CNDH