Violences basées sur le genre : Concertation entre la CNDH et les OSC pour faire le bilan, difficultés et perspectives pour un meilleur suivi des cas.

Violences basées sur le genre : Concertation entre la CNDH et les OSC pour faire le bilan, difficultés et perspectives pour un meilleur suivi des cas.

Les 3 et 4 octobre 2023, s’est tenu à Koudougou, un atelier de concertation avec les points focaux sur le suivi des Violences basées sur le genre (VBG). Organisé par la Commission Nationale des Droits Humains (CNDH) en collaboration avec l’Organisation Internationale du Droit au Développement (IDLO), l’atelier avait pour objectif de faire le bilan des deux années de sessions de formations des OSC et des Officiers de Police Judiciaire sur les Violences basées sur le genre (VBG) et de renforcer la collaboration entre la Commission et les points focaux (Officiers de police judiciaire de la gendarmerie et la police et des représentants d’organisations de la société civile) sur le suivi des Violences Basées sur le Genre (VBG). Cette activité s’inscrit dans la suite des activités du programme « APPUI INTEGRÉ AUX SYSTEMES DE JUSTICE PÉNALE DU MALI, BURKINA FASO ET NIGER » mis en œuvre par la CNDH avec l’accompagnement de IDLO.  

La CNDH a organisé de 2021 à 2022, plusieurs sessions de formation sur la prise en charge holistique des victimes et des survivantes de VBG au profit non seulement des officiers de police judiciaire (OPJ), mais aussi des OSC des zones d’intervention de IDLO.  A la suite de ces formations, il est question à cet atelier de faire le point des acquis sur le terrain. On peut citer nombre d’actions menées au cours de cette période:

  • le renforcement des capacités des acteurs sur la prise en charge notamment l’accueil, audition, orientation des survivantes de VBG;
  • la mise en place et l’implication des cellules communautaires (autorités coutumières, religieuses, leaders communautaires, etc dans la prise en charge, le référencement et la sensibilisation ;
  • l’approche masculinité positive/l’école des maris ;
  • la mise en place des cellules dédiées aux survivantes pour le partage d’expériences ;
  • le circuit communautaire de référencement ;
  • l’existence de la cartographie des acteurs ;
  • le renforcement de capacités de Survivants des Violences Basées sur le Genre (SVBG)  pour le développement des AGR ;
  • les sensibilisations spontanées dans les Yaar et marchés ; les caravanes de sensibilisation, les émissions radios, les théâtres fora ;
  • la vulgarisation des moyens de dénonciation ;
  • l’existence de centres d’accueil et de prise en charge holistique des SVBG dans certaines villes (Ouagadougou et Tenkodogo) ;

Des acquis certes, mais des difficultés ne manquent toujours pas. Les participants ont pu relever entre autres :

  • la non appropriation du protocole opérationnel de prise en charge des VBG ;
  • le manque de personnel féminin pour faciliter la prise en charge des survivants des VBG ;
  • les difficultés liées au manque de salle d’écoute (plusieurs OPJ partageant les mêmes bureaux) ;
  • l’absence de réseaux de lutte contre les VBG ;
  • la défaillance de l’action sociale à travers l’indisponibilité de certains acteurs sociaux surtout pendant la nuit et les weekends ;
  • les limites de la cartographie des acteurs intervenants dans la lutte contre les VBG et les prises en charge;
  • la complexité/ réticence de la survivante ;
  • le manque de cadre adéquat pour garder l’anonymat ;
  • la difficulté de retrouver l’auteur de la VBG pour la suite de la procédure ;
  • la lourdeur des procédures administratives ;
  • l’abandon de la procédure en cours ;
  • l’insuffisance des dénonciations ;
  • le manque des garanties après l’issue de la procédure ;
  • l’intimidation/menace des acteurs de prise en charge ;
  • la corruption ;
  • l’insuffisance de collaboration entre acteurs (manque de coordination dans certaines zones) ;
  • la mauvaise foi de certaines survivantes ;
  • la réticence de certaines victimes à engager une poursuite judiciaire à l’encontre de leur bourreau ;
  • la crainte d’exclusion sociale pour les SVBG de sexe féminin pour insoumission à la société ;
  • l’ignorance des textes en vigueur ;
  • le manque de qualification de certains agents sur les procédures applicables en matière de prise en charge des SVBG ;
  • l’inaccessibilité des structures de prise en charge par certaines SVBG dans certaines localités à fort défis sécuritaire.

Lors de son allocution, monsieur Urbain Yaméogo, représentant le Program lead de l’Organisation Internationale du Droit au Développement (IDLO), par ailleurs, Gestionnaire du programme justice pénale, a exprimé sa reconnaissance envers les participants et salué le travail accompli par la Présidente de la Commission nationale des droits humains (CNDH) et son équipe sur les questions de Violences Basées sur le Genre (VBG).

Monsieur Yaméogo a souligné l’engagement d’IDLO en faveur de la prise en charge du genre, mettant en avant l’importance des besoins spécifiques des femmes dans le cadre du programme de soutien aux systèmes de justice pénale au Mali, au Burkina Faso et au Niger. Il a souligné l’importance de faire le point sur les activités réalisées au cours des deux dernières années, de relever les acquis et les difficultés, et de proposer des perspectives d’avenir, d’où la tenue de l’atelier. Il a également mentionné la volonté d’IDLO d’organiser une évaluation annuelle sur les VBG, conformément à sa pratique annuelle d’évaluation sur des thèmes spécifiques. Il a conclu en souhaitant plein succès aux travaux de l’atelier.

Madame Gonta Alida Henriette DA, Présidente de la Commission nationale des droits humains (CNDH), a ouvert l’atelier en exprimant sa gratitude envers les participants pour leur présence et engagement envers la CNDH. Elle a souligné l’importance des cadres de concertation nationaux pour traiter et réduire les Violences Basées sur le Genre (VBG). Elle a mis en avant le soutien crucial d’IDLO, mentionnant que l’organisation a fourni une pépinière d’experts à la CNDH et aidé à soulager les victimes. La CNDH envisage de formaliser ces cadres à l’avenir. Elle a remercié IDLO pour son soutien continu et a encouragé les participants à partager leurs expériences et à formuler des recommandations pour les travaux futurs de la CNDH sur les VBG.

Cette session a permis aussi de recycler les connaissances des points focaux relativement aux modalités de prise en charge holistiques des victimes et survivantes de VBG ainsi que les circuits de référencement. Ensemble les participants ont identifié des actions futures à mener afin de leur permettre de lutter efficacement contre les VBG. Il s’agit de :

  • mettre en place et vulgariser les réseaux de lutte contre les VBG dans les régions, les provinces et les communes ;
  • faire la cartographie des acteurs intervenants dans la lutte contre les VBG et les prises en charge ;
  • organiser régulièrement des cadres d’échanges et de partage d’expérience entre acteurs dans la lutte
  • créer un fond  pour la prise en charge holistique des SVBG à l’image du fonds commun genre;
  • vulgariser et mettre en pratique les textes et règlements en vigueur ;
  •  et bien d’autres.

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